BMW E30 M3 : l'icône absolue du sport automobile des années 80

Contrairement à beaucoup de voitures sportives développées pour la route puis adaptées à la piste, la E30 M3 a suivi le chemin inverse. L'objectif initial n'était pas le marketing, mais la survie en compétition. Pour détrôner la Mercedes 190E 2.3-16 dans le championnat allemand (DTM), BMW devait homologuer sa voiture en Groupe A. Le règlement de la FIA était strict : le constructeur devait produire au moins 5 000 exemplaires d'une version routière en douze mois. C'est ainsi qu'est né ce projet fou, transformant une Série 3 standard en une bête de course.

Le cœur battant de cette machine est sans conteste le moteur S14. À une époque où les six cylindres en ligne faisaient la renommée de la marque, les ingénieurs de BMW Motorsport ont opté pour un quatre cylindres atmosphérique. Ce choix technique visait à réduire le poids sur le train avant et à permettre des régimes moteur plus élevés, essentiels pour la compétition. C'est un bloc brut, vibrant, qui demande à être cravaché pour délivrer sa quintessence.

Au premier regard, la E30 M3 se distingue par son allure trapue et agressive. Mais ne vous y trompez pas, ce look n'est pas qu'esthétique. Les ailes larges, souvent appelées "box flares", sont nécessaires pour accueillir des voies élargies et des pneus de compétition. L'aérodynamisme a dicté chaque ligne de la carrosserie. En réalité, seuls le capot moteur et le toit sont communs avec une Série 3 standard. L'angle de la lunette arrière a été aplati et le couvercle de malle rehaussé de 40 mm pour améliorer le flux d'air vers l'aileron arrière. Le pare-brise avant est même collé, et non jointé, pour accroître la rigidité torsionnelle de la caisse. Le coefficient de traînée (Cx) a ainsi été abaissé à 0.33, une prouesse pour une carrosserie aussi anguleuse.

La carrière de la M3 a été ponctuée par des séries limitées qui font aujourd'hui tourner la tête des collectionneurs. Les éditions Johnny Cecotto et Roberto Ravaglia, nommées en l'honneur des pilotes vedettes du DTM, offraient des finitions exclusives et des configurations moteur optimisées. Cependant, le Saint Graal reste incontestablement la E30 M3 Sport Evolution (parfois appelée Evo III). Produite à seulement 600 exemplaires entre 1989 et 1990, elle représente l'aboutissement ultime du châssis. Avec son moteur poussé à 2.5 litres, ses vitres allégées, son aileron et sa lame avant réglables, elle est la version la plus radicale et la plus recherchée.

Acquérir ce monument de l'histoire automobile demande aujourd'hui un budget conséquent. La cote BMW M3 E30 a explosé ces dernières années, les beaux exemplaires s'échangeant souvent au-delà de 70 000 euros, tandis que les Sport Evolution atteignent des sommets à six chiffres. Avant d'acheter, l'analyse de la fiche technique M3 E30 et de l'historique est cruciale. Le principal ennemi de cette génération est la corrosion : surveillez attentivement la baie de pare-brise, le toit ouvrant et les feux arrière. Côté mécanique, bien que robuste, le S14 exige un entretien méticuleux. Le réglage du jeu aux soupapes doit être effectué tous les 15 000 km et le tendeur de chaîne de distribution surveillé de près. Une réfection moteur complète peut coûter plus de 15 000 euros, un facteur à ne pas négliger lors de l'achat.